Marie Julie – Crédit photo : Fat G.

Qu’est ce qu’être femme aujourd’hui ? De manière ludique, initiatique et poétique, Marie Julie interroge cet « être femme »  avec ses outils d’artiste (écriture, dessin, photographies, vidéos). Pour rendre cette création dynamique, participative et collaborative, elle a créé “Points de vues, lignes de vies de femmes”, cinq ateliers de pratiques artistiques à œuvrer et activables dans n’importe quel contexte de production. 

Marie, qui es-tu ?

Répondre à cette question me semble difficile car ce je suis est à la fois indéfinissable et défini par les contextes où il s’exprime. Je peux cependant répondre par deux données biographiques. Je suis née à l’ île de la Réunion et à la fin des années 70. Je me sens métisse et citoyenne du monde.

Peux-tu décrire la progression de ton travail artistique ?

Mon travail artistique en est à son printemps : je suis apprentie et je questionne dans ma pratique diverses thématiques en lien avec les notions de déplacement de soi et de relation à l’autre.

Peux-tu nous parler de ce projet que tu as créé récemment autour des femmes ?

“Points de vues, points de vie” est un projet où avec divers médiums je questionne ce que recouvre ces deux mots être et femme et j’ ai choisi de commencer à l’ oeuvrer ici sur mon île natale.  Il a aussi une dimension participative que j’ affectionne dans mon travail

Qu’est ce qui t’a amené à t’interroger sur la femme ?

La première fois que je me suis interrogée sur cette thématique remonte sans doute à l’ adolescence où dans mes premiers poèmes ou scénaris (non publiés et non réalisés) sur la difficulté d’être femme dans toute sa singularité dans des milieux confinés comme la famille, le clan, l’île.

Je suis toujours surprise par la constance dans les faits divers des médias des divers formes de violences faites aux femmes. J’ ai d’ ailleurs fait un travail mélangeant photos et textes sur ce phénomène. Deux de ces photomontages textuels ont été exposés de 2012 à 2013 dans le cadre d’une exposition collective itinérante dénonçant les inégalités.  Je me suis inspirée des formats des journaux de presse quotidienne pour les formats de ces oeuvres: ils sont composés de photographies de modèles féminins  en noir et blanc  que je réalise depuis 2001 et de textes écrits sur cette thématique.

Peux-tu décrire la femme que tu es ?

Comme pour la première question, il me semble difficile de répondre à cette question de manière objective. Peut-être mystérieuse, poétesse, indisciplinée, amorale,  voyageuse, curieuse et sensible

La notion de mouvement est très présente dans ton travail. Qu’est ce que le mouvement pour toi ? Par quels moyens l’interroges-tu ?

Le mouvement pour moi est, représente la vie. Même immobiles comme disait Kerouac nous pouvons voyager. Biologiquement, lorsque nous sommes endormis, le mouvement est encore présent dans nos corps par le battement du coeur, le souffle des poumons, l’ activité de régénération des cellules qui nous est invisible. Le cerveau lui par le rêve nous entraîne dans d’autres contrées où je ramène parfois un fragment énigmatique que je glisse dans mes créations ou dans les histoires que j’écris.

Le mouvement se manifeste dans mon travail sur une manière particulière d’écrire ou de saisir l’image; par exemple j’ aime les images floues car ce sont des formes mouvantes. Idem pour le dessin.

Dans tes travaux, je lis qu’un livre est à paraître, dont tu proposes même des extraits, peux-tu en parler et en extraire un passage évocateur de ton état d’esprit du moment, l’instant présent ?

Ce livre sur lequel je suis en travail depuis plusieurs mois est une aventure étrange où je convoque à la fois des événements biographiques que je mêle à des actes liée à ma pratique et à des petites contes imaginaires.

Je suis bien plus intéressée  par le processus quand je crée que par l’oeuvre finie.

J’ ai  plus à dire sur la posture du nomade que celle du touriste, la posture de l’exilée que sur celle du retour au pays natal,  sur la montagne et l’océan que sur les cités de béton, sur la posture de l’amoureuse que de l’épouse,  plus à dire sur le sens de la vie que sur les formes qu’elle prend. Je crois que le simple trajet d’une maison à une boulangerie est déjà en soi un voyage, que la nature est plus importante que la culture, que naître quelque part est juste un point, que dans une vie la quête de la liberté d’être soi même est  plus importante que la loyauté au clan que celui-ci soit familial, amical, professionnel ect.

Ce livre parle de ça entre autre, de l’illusion et de  réalité, de safran, de liberté  et de mouvement aussi. Il est entre une ballade néo-moyennageux, un récit biographique auto fictionnel et le carnet de voyage mais bien d’autre choses. C’est aussi une manière sous cette forme  de faire un point d’ étape d’ un corpus d’ expériences que j’ ai menées sur plusieurs années.

Je suis  à un moment de ma vie où je quitte un rivage pour en aborder un autre qui s’ ancre avec des questions différentes. ^^

Extrait du livre de Marie Julie

” Je suis une voyageuse : dans mes errances quotidiennes, je deviens disponible à la rencontre. Cette disponibilité active se révèle dans une intersubjectivité. Cette intersubjectivité crée l’espace vide nécessaire pour partager ensemble un instant de vie. (…) Je tisse, file, reconstruit, déconstruit, révèle, murmure des moments poétiques en partage où la vie et la rencontre avec l’autre font émerger de nouvelles zones autonomes organiques et éphémères. Vivre pour oeuvrer et non oeuvrer pour vivre”, Marie Julie

Supports de communication de l’artiste

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here