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a Réserve de “Tsonontwan”, les montagnes du milieu, située aux alentours de la ville de Québec, accueille tout au long de l’année, des visiteurs de divers horizons, une manière pour le gérant du lieu, Régent Garihwa Sioui de faire connaître le mode de vie et les enseignements des amérindiens à des gens de passage. Régent travaille en partenariat avec Helen Roy, enseignante en santé globale, sensible à la beauté des us et coutumes amérindiens. La rencontre a lieu dans un lieu appelé “le musée vivant” à Tsonontwan, où sont entreposés, objets, peaux de bêtes et diverses curiosités issus de la culture amérindienne.

Les enseignements amérindiens, enseignements de la création : être capable d’évoluer sans l’écriture

Pour Régent Garihwa Sioui, “les enseignements de la création sont infinis”, “c’est être capable d’évoluer sans l’écriture”, car selon lui, “si les amérindiens avaient écrit leurs enseignements, ils en auraient été prisonniers et ils n’auraient pu évoluer”. Cette sagesse là, selon ses mots “se renouvelle tous les jours, à toutes les lunes, à toutes les saisons, à toutes les années, il faut être vraiment observateur et aussi rendre grâce, faire toujours une action de grâce pour remercier la nature, la création, l’environnement, l’univers, l’espace. Notre espace est compris entre les minéraux de la terre et les minéraux du ciel, les minéraux de la terre, ce sont nos perles, les minéraux du ciel, ce sont les étoiles…en tant qu’amérindien, on a toujours observé les étoiles, cela fait parti de l’enseignement de la création.”

Ni bien, ni mal

“Les enseignements de la création sont appris de génération en génération. Oralement, ils peuvent évoluer. Dans l’histoire où il n’y a pas eu d’écriture, on n’avait pas inventé ce que vous appelez les mauvais esprits, les diables, les démons, l’enfer. Nous n’avions aucune notion de tout cela. Pour nous, il n’y a pas de pêchés, ni de bien, ni de mal, ou encore d’anges, de démons, d’esprits, de fantômes. Nos chamanes étaient des médecins tout simplement et des magistrats qui propageaient l’enseignement de la création et qui guérissaient l’âme, en premier l’âme, puis la communauté, ensuite le physique s’en portait beaucoup mieux, et il y avait beaucoup moins d’accident.”

Helen Roy : l’harmonie de l’homme avec la terre

La sagesse amérindienne selon Helen Roy, “c’est vraiment l’harmonie de l’homme avec la terre, avec la mère, avec celle qui nous nourrit, qui nous guérit, qui nous protège, qui nous offre des abris, c’est aussi l’harmonie qu’on peut vivre avec tous les êtres vivants, autant le règne végétal, qu’animal.”

“C’est aussi la capacité à chercher à s’intégrer en harmonie avec les lieux, c’est un attachement au territoire, à la terre. Il n’y a pas de hiérarchie dans la sagesse amérindienne, elle est basée sur le cercle, sur la spirale même, le cercle, peut quelquefois nous limiter, mais la spirale c’est un cercle aussi, mais avec un mouvement qui s’élève.”

“Il n’y a pas d’autorité hiérarchique, chacun a son rôle, chacun a sa raison d’être dans le cercle.”

“Chez les amérindiens, quand il y avait de grandes décisions à prendre, tout le monde s’asseyait ensemble en position d’égalité, chacun assis au sol, avec humilité, il y avait une place pour le règne végétal dans le cercle, puis il y avait une place pour le règne animal, pour les rivières…puis quand la décision était prise, le peuple amérindien tenait compte des conséquences de leur décision, de leurs actions pour les sept générations à venir non seulement pour les humains mais aussi pour les différents autres règnes de la nature.”

Pour Helen Roy, prendre ses décisions en tenant compte de l’humain mais aussi des différents règnes, c’est du concret : “oui , je vis en tant qu’humain et tous les autres êtres ont une place aussi importante que l’humain dans l’équilibre.”

“En ce qui me concerne, dit Helen Roy, j’ai reçu les enseignements de la création par ma lignée paternelle, mes grands-mères et arrière-grand-mères étaient des “femmes médecine”.

“Mon arrière grand-mère guidait des huttes à sudation, elle travaillait beaucoup avec la médecine des plantes. L’enseignement de la création a été transmis oralement par ces femmes-là. Ce sont elles qui ont transmis de génération en génération cette pédagogie de la terre que j’avais déjà naturellement enfant car je voyais les saisons en ronds. J’avais une façon de voir le monde qui était complètement reliée et puis je voyais l’être humain au centre de cela et l’importance d’être en équilibre soi-même.”

La pédagogie de la terre, c’est amener l’être humain à retrouver son mouvement harmonieux intérieur.

“Réaliser profondément, que ce que nous voyons à l’extérieur de nous, l’air, le feu, la terre,  l’eau, les quatre éléments, les mouvements cycliques des saisons, nous avons l’impression qu’ils sont séparés de nous, nous oublions que nous avons ces mêmes éléments à l’intérieur de nous. Nous avons le cycle des saisons aussi à l’intérieur de nous. Il y a des périodes dans notre vie où nous avons envie d’aller de l’avant, de mettre en place des projets, nous sommes débordants d’énergie. Nous pouvons parler du printemps, cela ressemble à un printemps. Les saisons intérieures peuvent nous habiter, les éléments peuvent nous habiter. A l’intérieur de nous, nous avons aussi une famille, des petites voix…qui nous disent parfois “Prends soin de toi”…il y a vraiment un monde intérieur très riche qui se déploie et que nous voyons apparaître dans le monde que nous voyons à l’extérieur de soi.”

“Quelques fois, nous avons la guerre dans nos pensées”

“Quelques fois, nous nous demandons d’où partent les guerres, en fait nous allons retrouver cela juste à l’intérieur de nos propres pensées. Nous avons des pensées qui sont quelquefois en guerre, qui sont en conflit. Nous pouvons prôner la paix, mais nous avons presque des fusils dans nos pensées qui jugent et qui condamnent ceux qui font la guerre. Quelquefois, nous même, nous ne nous rendons pas compte que nous avons la guerre dans nos pensées, nous ne tenons pas les fusils, mais nous les avons dans nos pensées.”

“La pédagogie de la terre c’est aussi apprendre à aller pacifier ces guerres ou ces incompréhensions intérieures, c’est amener l’être humain à retrouver son mouvement harmonieux intérieur, apprendre à respecter son rythme des saisons.”

Le site sacré de “Tsonontwan”

Le lieu est un site sacré, situé en pleine nature, où les amérindiens venaient pour se ressourcer, pour se retrouver, c’est un lieu de rencontres, un lieu de partage avec tous les peuples depuis 30 ans maintenant.

On y apprend à découvrir “l’enseignement des animaux, le totem, le clan, l’art, les perles, la broderie, la fabrication de colliers, de bracelets, la cuisine amérindienne, le tambour, le bâton de parole, l’enseignement de la gouvernance, la prise de confiance en soi, la prise de parole.”

Dans les enseignements qu’Helen Roy donne, les gens évoluent beaucoup dans leur croissance personnelle, ils apprennent à s’aimer, à avoir confiance en eux, à s’épanouir, à se respecter entre eux. Il y a de belles relations qui se développent entre les gens.

Parmi les enseignements, la conduite du traineau à chien permet à chacun d’être maître de sa destinée.

Quant à Régent, dans le “musée vivant”, il partage aux enfants, avec passion, avec une qualité de présence, des connaissances sur l’arc, les flèches, des contes. Car Régent est aussi un conteur à l’ esprit incisif de vérité. Il donne des enseignements simples.  A travers une activité comme promener des chiens, Régent nous apprend que le chien devient le maître de l’instant présent de celui qui le promène. A travers des activités comme celles-ci, Régent transmet une sagesse dans toute sa simplicité, une sagesse accessible au quotidien, que tout le monde peut comprendre.

Le site de Tsonontwan reçoit régulièrement, des groupes, des familles, des écoles….”En été, il y a des activités comme le tir à l’arc, la randonnée, la fabrication de colliers, le bâton de parole, de la botanique, de l’histoire, de la géographie, des apprentissages sur le mode de vie, des feux, de la musique vivante, l’enseignement de l’esprit des animaux, le totem, c’est très culturel et éducatif. L’hiver, il y a le traineau à chien, la marche à la raquette, la marche au flambeau la nuit.”

Une célébration existe également pour le solstice d’hiver, pour terminer l’année avant d’en commencer une nouvelle. Les célébrations de pleine lune peuvent durer toute une semaine.

Le site de Tsonontwan est le seul site amérindien qui offre des activités et des séjours pendant toute l’année, il se trouve à trente minutes en voiture de la ville de Québec.

Site Internet de la Réserve de Tsonontwan et de ses activités : http://www.siteamerindienquebec.com/

Site Internet d’Helen Roy et de ses enseignements : http://www.isqueo.com

Québec, Septembre 2016

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