Bernard Barel est psychologue clinicien. Il est formateur en sophrologie caycedienne, en relation d’aide, en pnl…

Son regard sur la vie est pétillant d’émerveillement ! Regard précieux dans les temps d’incertitude que nous traversons…

Portrait dans cet article

Qui es-tu Bernard ?

Alors, qui je suis …je pourrais répondre à cette question de diverses manières. Je vais répondre d’une façon qui est plus personnelle que théorique et technique.

Je suis quelqu’un qui aime la vie, qui a soif de la vie.

Quelqu’un qui aime la surprise, l’émerveillement, qui aime les liens, les relations, et qui aime le monde du vivant et le monde qui m’entoure.

J’ai un lien très fort avec les animaux, avec les gens.

J’ai envie de dire que je suis un savoureur de la vie. C’est un peu comme ça que j’aime me définir, même si ce n’est pas toujours aussi facile que ça. Ce qui est le plus prégnant en moi, c’est le désir de savourer.

As-tu une anecdote à partager à propos justement de cette saveur de la vie ?

Oui, j’aime par-dessus-tout, la nature. Dans la nature, il m’arrive assez souvent d’avoir des moments d’émerveillement, et j’adore partager ça, Par moment, dans la nature, je suis saisi par cette force de vie qui est là et je partage quasiment des états de grâce à ce moment.

Un des souvenirs les plus marquants : je marchais vers chez moi, j’étais seul humain, avec mes chiens. Je marchais vers les garrigues, au-dessus de ma maison, dans un espace magnifique.  Le soleil affleurait et illuminait les vallons.

J’avais marché d’une façon très dense avec mes chiens, et je m’arrête à la barrière d’une campagne voisine.

Je m’appuie sur la barrière pour apprécier et savourer les sensations que j’avais dans le corps, sensations de vivacité, d’énergie.

Je me retourne, et à ce moment-là, je suis saisi par la splendeur de ce qui m’entoure.

Ma vision s’est ouverte dans quelque chose de très contemplatif, avec une inspiration, un geste qui rappelle un peu le 4ème degré, et là j’ai senti un profond sentiment de fraternité avec tout le vivant qui était autour de moi.

C’était une expérience très forte et par moment, je goûte ces expériences, j’adore ces moments.

Quel est ton métier actuel ?

Je suis psychologue clinicien. Je fais également de la formation en sophrologie caycédienne. J’enseigne aussi à la relation d’aide, la pnl.

J’ai un rôle dans lequel je suis reconnu en tant que psychologue clinicien. Un rôle que j’aime beaucoup et qui prend la majorité de mon temps, c’est la formation, la transmission, j’adore transmettre et j’adore voir le pétillement de la vie s’éveiller, s’animer chez les gens avec qui j’échange en formation. Là aussi, je savoure !

Qu’est ce qui t’a amené à l’apprentissage de la sophrologie ?

C’est quelque chose qui s’est fait un peu en dehors de mon choix, en tout cas conscient.

Quand j’étais adolescent, je m’étais intéressé à l’hypnose.  Et avec un copain, nous avions trouvé un vieux livre d’hypnose, et nous avions appris dans ce livre, j’avais moins de 20 ans, c’était il y a longtemps déjà.

Et nous sommes arrivés à des résultats intéressants.

J’ai été surpris par l’efficacité de cette forme d’hypnose qui était à l’époque, davantage dans la ligne de l’hypnose de Messmer ou de Music Hall qu’une hypnose thérapeutique.

J’avais demandé à mon médecin de l’époque, s’il connaissait des lieux où je pouvais apprendre d’une façon plus scientifique à utiliser l’hypnose. Au début des années 70, il n’y avait pas de formations à l’hypnose, c’était très confidentiel, médical et autre.

Il me dit : « tu devrais rencontrer ma femme, elle s’occupe de l’école de sophrologie de Toulouse ». C’est comme cela que je me suis retrouvé à rentrer à l’école de sophrologie de Toulouse pour essayer de comprendre ce que je faisais en hypnose. Et je suis tombé dans la passion de la sophrologie.

A cette époque, je me formais aussi en psychomotricité. J’avais trainé pendant des années mes chaussures à la faculté de médecine. C’était une époque où je n’étais pas du tout centré sur mes études, j’étais davantage dans la rue, intéressé par tout ce qui se passait à cette époque.

J’avais arrêté cela, et je m’étais lancé dans une première formation de psychomotricité qui commençait à Toulouse. Et en même temps, je me suis formé à la sophrologie.

Trois ans après, mes études terminées, Paule Verne qui dirigeait l’École de Sophrologie de Toulouse, me demande si je voulais bien faire une intervention sur le schéma corporel puisque j’étais dans la psychomotricité.

En même temps, à la faculté, le psychiatre Jacques Corraze, qui m’a appris des choses merveilleuses, demandait s’il y avait des étudiants qui avaient envie de transmettre à la fac, et de lui donner un coup de main. Comme j’avais eu la chance de sortir major de la promotion, je me suis engagé là.

Je me suis retrouvé en train d’enseigner à la fac et d’enseigner à l’École de Sophrologie de Toulouse.

Et là, je me suis rendu compte que j’avais un goût prononcé pour la transmission, transmettre en racontant des histoires. C’est tout ce truc qui continue à exister chez moi et qui est là.

Transmettre en racontant des histoires, c’est très joli ça, est-ce que cela t’arrive d’écrire ?

Non, je suis quelqu’un vraiment fait pour l’oralité, écrire m’ennuie, car quand je parle, je me laisse saisir par la façon dont les concepts, les idées s’organisent.

Je suis un peu spectateur de ce que je fais quand je parle, quand je forme.

Quand j’essaie d’écrire, c’est très laborieux, il est très rare que j’ai du plaisir à écrire.

Il m’arrive d’avoir du plaisir à écrire, mais c’est dans des moments particuliers, très émotionnels, pas automatiquement pour écrire au sujet de ce que j’enseigne.

Est-ce que tu vis la sophrologie dans ton quotidien ? Comment cela se passe quand Bernard Barel vit la sophrologie dans son quotidien ?

Je la vis de deux manières, dans mes pratiques, dans mon entraînement, c’est une chose , mais je n’ai pas envie de développer cela.

Ce qui me touche le plus, alors je ne sais pas si c’est vivre la sophrologie parce que j’ai commencé à faire de la sophrologie, j’avais 20 ans, donc c’est difficile de pouvoir faire un lien de séparation entre les deux, entre ma vie avant 20 ans et maintenant.

Pour moi, ce qui me met beaucoup en mouvement, c’est d’abord la vie en soi, avec ce concept de vivances, d’émerveillement, des choses comme cela qui sont des choses importantes pour moi et le regard sur le champ des possibles.

C’est à dire que j’ai une vision de l’existence qui est remplie de champs de possibles, avec une douce présence de la corporalité.

Je ne sais pas si je fais de la sophrologie ou si je suis sophrologue, en tout cas quelque chose en moi va dans le même sens.

Si je te dis « Phénoménologie », qu’est-ce que tu me réponds ?

Si tu me dis « Phénoménologie », pour moi, c’est se laisser surprendre, et être conscient qu’un jour si une vérité existait, elle serait à construire, mais qu’elle n’appartient ni au présent ni au passé.

Peux-tu développer ce que tu viens de dire ?

C’est à dire que tout ce que je peux percevoir du monde, ce n’est jamais qu’une construction de mon esprit, c’est une idée que je m’en fais.

Dans la phénoménologie, il y a un drame : c’est que lorsque je m’intéresse à un objet qui devient objet intentionnel, c ‘est à dire qu’il devient objet dans ma conscience, il perd à mes yeux, sa réalité objective. Il n’est plus en soi l’objet, il devient l’objet pour moi.

Et toujours, il y a cette délicieuse désespérance que jamais la vérité ne sera saisie par un humain, sauf peut-être dans un futur…comme ça, je le garde, mais en même temps ça ne m’intéresse pas beaucoup, parce ce que, ce que je préfère à la vérité, c’est le mystère et savoir, c’est à la fois merveilleux, c’est excitant, mais c’est toujours un deuil à faire parce qu’à chaque fois que le savoir avance, le mystère diminue et en même temps, je sais très bien, en tout cas, je suis persuadé qu’il y a une immensité absolue du mystère par rapport au peu de savoir que l’on a, donc, je suis heureux de ça.

Es-tu en quête de quelque chose, quelque part, d’un mystère, as-tu une quête intérieure ?

Oui, c’est la quête de l’émerveillement. Avec une amie très proche, nous avons beaucoup réfléchi là-dessus, nous avons beaucoup interrogé et partagé des moments d’émerveillement.

Et pour moi, la quête du mystère passe par l’émerveillement, c’est ça, c’est à dire que j’ai toujours envie d’être émerveillé et je m’arrange toujours pour être émerveillé par les choses.

C’est une belle vision de la vie en tout cas !

Oui, parce qu’elle n’a pas de limites !

Par rapport à cela, sur le monde très actuel, très concret d’aujourd’hui, avec tout ce qui peut s’y passer, quel est ton regard sur le monde  ?

Alors mon regard sur le monde d’aujourd’hui, il est que c’est notre monde.

C’est à dire que c’est avec lui que nous avons à faire.

Nous disons quelque fois que le monde est moche, je ne crois pas que le monde soit moche, c’est nous, notre façon d’être dans le monde qui peut être moche.

Et le problème que nous pouvons avoir et que j’ai moi aussi, avec le monde d’aujourd’hui, c’est que nous sommes passés en quelques dizaines d’années d’un monde qui était structurant, avec des règles, avec des grandes valeurs, de l’organisation et nous avons passé beaucoup de temps comme beaucoup de gens dans la conscience ordinaire à s’identifier, à prendre conscience de soi à travers le monde extérieur, à travers les objets externes, à travers les autres et en étant très démunis d’une référence interne pour exister.

Et le monde étant devenu un monde très instable, très changeant, le problème c’est que beaucoup de gens sont très malheureux parce que les points d’appui qu’ils avaient pour se sentir exister n’arrêtent pas d’être instables et de se déliter.

Et pour moi, ce qui est intéressant, ce qui fait que j’aime la sophrologie, c’est qu’au fond, pour moi, l’objet essentiel, la valeur essentielle, c’est ce fameux Moi Phronique Fondamental ou Radical, c’est-à-dire, le fait d’avoir un point de référence à l’intérieur de moi qui me fait me sentir Être à partir de ce qui est lorsque je ferme les yeux, ce que je construis et auquel je m’identifie qui est en moi.

C’est à dire que le monde extérieur, j’en ai beaucoup moins besoin pour m’identifier, pour savoir qui je suis et je fais de plus en plus confiance à ce monde intérieur, basé sur la dignité, les valeurs, quelque chose qui à un moment donné est relativement fiable pour s’identifier, et avoir une image satisfaisante de soi.

C’est pour cela que j’ai envie de dire, le monde n’est pas le problème, c’est cette conscience humaine qui est de plus en plus externalisée, qui est de plus en plus saturée par de l’information et de l’information inutile, par de l’apparence, par des choses qui ne sont pas très intéressantes et qui font croire que le bonheur vient de l’extérieur, de ce que l’on a, alors qu’avant ça, le bonheur vient de la façon dont on regarde les choses, c’est à dire que le bonheur est dans l’œil de celui qui regarde et pas du tout dans l’objet regardé.

Cela me rappelle cette phrase que l’on prête à Gandhi, cette phrase qui dit « Soit le changement que tu veux obtenir dans le Monde ». Elle est là, la solution, c’est à dire que pour moi l’écologie qui est un grand problème du monde aujourd’hui, cette écologie commence par une écologie de l’existence personnelle, une écologie interne, une écologie phronique.

Si je te donne une baguette magique, en te disant : « s’il y a une chose que tu souhaites changer dans ce monde, qu’est-ce qu’elle serait ? »

Si je pouvais changer, j’aimerais pouvoir changer le pétillement des regards. En te disant cela, c’est rigolo parce que là ,je me mets dans une pensée magique, et en même temps, c’est de cela que je me nourris.

Un de mes bonheurs dans la vie, c’est la transmission, c’est de voir le pétillement des regards, de voir la vie s’éveiller chez les gens.

Je n’ai pas besoin de baguette magique mais une baguette magique me permettrait de le faire d’une façon plus grande.

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here