Économiste et ancien banquier suisse, Christian est auteur (et co-auteur) de 3 livres best-seller dont « Ce que l’argent dit de vous » aux Editions Eyrolles, et le « Défi des 100 jours, cahier d’exercice pour libérer son rapport à l’argent et vivre son abondance librement » en co-création avec Lilou Macé aux Éditions Trédaniel.

Il est aujourd’hui expert de la relation à l’argent en francophonie mondiale. Il travaille autant pour les particuliers que pour les entreprises et associations professionnelles, et intervient régulièrement dans différents médias.

Fondamentalement positif, Christian a la croyance que chacun a des talents, des dons qui ne demandent qu’à être exploités pleinement pour en faire cadeau à l’ensemble. Rencontre dans cet article. 

Qui es-tu Christian Junod ?

Répondre à cette question n’est pas aisé. Souvent on l’aborde en parlant de nos actions. Pourtant, je ne suis pas défini par mes actions. Je suis un être humain en perpétuelle évolution, en quête de croissance. J’oeuvre à accroître ma conscience, à explorer mes croyances, à surmonter mes blocages, afin de partager la pépite qui réside au plus profond de moi. Mon objectif est de rayonner et de la partager avec le plus grand nombre d’êtres humains possible.

Quel est ton parcours professionnel ?

J’ai étudié les sciences économiques dans une université suisse. Ensuite, j’ai intégré le secteur bancaire, effectué des stages et travaillé 17 ans en tant que conseiller en placements financiers, puis deux ans en tant que gestionnaire de projets. C’est à ce moment que j’ai commencé à pratiquer le coaching.

En 2006, j’ai fait la rencontre de Peter Koenig, un chercheur renommé dans le domaine de la relation à l’argent. J’ai été son organisateur d’atelier de 2007 à 2010. En 2009, après la crise financière, j’ai été licencié lors d’une vague de congédiement collective dans mon entreprise. C’est alors que j’ai pris la décision de ne faire que ce que j’aimais le plus : accompagner les êtres humains. J’avais déjà consacré dix ans à mon propre développement personnel, cherchant à mieux me connaître et à mieux me comprendre. J’ai suivi des formations en Communication NonViolente (CNV), et en constellations systémiques familiales. J’ai obtenu ma certification en coaching.

A mes débuts en tant qu’indépendant en 2010, Peter Koenig m’a proposé d’ajouter le thème de la relation à l’argent à mes autres activités de coaching CNV, management, gestion des conflits, etc). La thématique de la relation à l’argent a alors pris une place centrale dans mon travail.

Aujourd’hui, qu’est ce qui te passionne dans ton métier ?

Ce qui me passionne profondément dans mon métier, c’est la contribution à un monde meilleur, à plus de conscience, d’épanouissement, de solidarité et d’harmonie entre les êtres humains. C’est cela qui m’anime vraiment !

A travers la relation à l’argent, j’apprécie particulièrement la possibilité de rencontrer les êtres humains dans leur profondeur. Cela englobe les peurs les plus intenses, telles que la peur de la mort, de manquer ou de la précarité. Cela concerne également l’estime de soi, reflétant notre perception de nous-mêmes, ainsi que les diverses nuances de l’amour-propre, notamment son absence.

J’apprécie cette approche car elle permet d’accompagner les personnes vers un amour plus profond pour elles-mêmes. Cela a un impact automatique sur tous les aspects de leur vie.

A propos du livre « Ce que l’argent dit de vous » ? Peux-tu me parler des principales idées que tu émets dans ce livre ?

L’idée phare ne vient pas de moi, mais de Peter Koenig. Il a brillamment souligné à quel point notre relation à l’argent est influencée par nos projections. L’argent agit comme un écran neutre, semblable à un écran de cinéma, sur lequel chacun projette des interprétations différentes : sécurité, liberté, autonomie, bonheur mais aussi injustice, source de conflits. L’argent est souvent perçu comme la cause de problèmes dans le monde. Ainsi, nos projections ont un impact significatif sur notre perception de l’argent et notre rapport à lui. De ce fait, nos actions financières sont largement conditionnées par nos projections sur l’argent.

Le piège majeur réside dans le fait que nous conférons à l’argent un pouvoir qu’il n’a pas réellement. La première idée clé consiste donc à replacer l’argent à sa juste place, en tant que création au service de notre vie, plutôt que de courir après lui. Il est en effet dénué de sens de courir après un outil.

Ensuite la deuxième question cruciale réside dans l’amélioration de notre rapport à l’argent. Cela implique un travail sur soi visant à accueillir pleinement toutes les facettes que nous avons tendance à rejeter. Notre éducation nous a souvent inculqué des jugements moraux, condamnant l’avarice, l’égoïsme, le vol, le mensonge, la violence, etc.

Cela a créé une division entre le bien et le mal entraînant une rupture avec notre véritable Être. Plutôt que d’opérer cette séparation inconsciemment, nous devons accueillir consciemment toutes les parties de nous-mêmes, même celles que nous préférons ignorer, pour éviter des conséquences indésirables.

Dans le monde d’aujourd’hui, il y a beaucoup de personnes qui se sentent en insécurité financière. Comment peut-on, selon toi, réduire cette insécurité et peut-être la voir disparaître ?

Pour surmonter l’insécurité financière, il est essentiel de se recentrer sur le présent. L’insécurité, souvent accompagnée d’anxiété, est toujours liée à des projections dans le futur. Cela peut concerner la fin du mois, de l’année, les études des enfants, ou la retraite. Nous tissons des scénarios anxiogènes basés sur des suppositions, sans certitude qu’ils se réalisent réellement.

Il est donc crucial de revenir à l’instant présent.

Demandons-nous : ai-je actuellement un problème financier qui m’empêche de te parler ? La réponse est non. Rien ne me manque pour communiquer avec toi. Avoir un supplément de 1000 ou 3 000 euros sur mon compte ne changera pas ma façon de communiquer.

Cela dépend simplement de ma capacité à discerner les récits qui engendrent la peur, ce qui est parfaitement humain et non problématique. L’important est de le reconnaître.

Cependant, si je me trouve effectivement dans l’incapacité de payer ma nourriture pour aujourd’hui ou mon loyer, il est alors primordial d’agir. Il s’agit de trouver des solutions, d’entamer des discussions avec mon propriétaire. C’est prendre la responsabilité de ma situation et chercher des alternatives, un plan B.

Restons ancrés dans le moment présent. Ainsi, nous n’élaborons pas de nombreux projets dictés par la peur, ni ne ressassons le passé en idéalisant une époque révolue.

Quels sont les conseils que tu donnerais à une personne qui souhaite vivre davantage d’abondance financière dans son existence ?

La première question que je lui poserais serait : « Pourquoi souhaite-elle davantage d’abondance financière ? »

Souvent, lorsqu’une personne désire plus d’argent, c’est qu’elle recherche autre chose que l’argent lui-même. Récemment, j’ai posé cette question à des entrepreneurs. Ils aspirent effectivement à plus de liberté et de sécurité, ils cherchent quelque chose de plus profond à travers l’argent.

Cela revêt une importance cruciale. Si je recherche la sécurité à travers l’argent, comme je l’ai fait pendant de nombreuses années, cela ne fonctionne pas. La sécurité réside en moi, non à l’extérieur. Ainsi, je dois me tourner vers l’intérieur pour créer cette sécurité intérieure.

Il est légitime de vouloir ouvrir la porte à davantage d’abondance. Cependant, il est important d’explorer si cette abondance ne réside pas déjà en moi, et s’il n’y aurait pas un bénéfice caché à rester dans ma situation actuelle.

En examinant cela avec conscience, je peux repérer les freins potentiels. Ma présence aujourd’hui est le résultat de qui je choisis d’être aujourd’hui. Bien entendu, tout cela peut changer demain, après-demain et évoluera de toute façon.

Fondamentalement, beaucoup d’entrepreneurs que j’accompagne ont du mal à recevoir. Ils sont généreux pour donner, ce sont souvent des entrepreneurs au grand coeur.

Ils ont une facilité à donner, mais une plus grande difficulté à recevoir, cela se reflète également dans leur relation à l’argent.

Parfois, cela peut être lié à des questions de loyauté envers la famille, car peut-être dans ma famille, les moyens étaient limités, et je ne me permets pas de faire mieux qu’eux.

Il peut y avoir des raisons comme « je ne mérite pas de… », comme je ne m’attribue pas de valeur, ce qui se manifeste matériellement par un manque d’abondance. Il est essentiel de prendre le temps d’explorer les histoires que je me raconte et de comprendre que je suis le produit de mes croyances, y compris de mes croyances limitantes.

Peux-tu nous en dire un peu plus sur la question de la loyauté familiale ?

On arrive dans ce monde avec une histoire familiale qu’on ne connaît pas consciemment mais qu’on porte dans nos cellules. Cette histoire nous influence dès le début. De plus, on porte en nous la notion de l’importance de l’appartenance au groupe. Il fut un temps où cela était vital pour notre survie. Même aujourd’hui, ce réflexe primitif persiste, car l’appartenance est encore associée à la survie.

Faire partie du clan est essentiel. Pour intégrer le groupe, le moyen le plus efficace est d’être loyal, c’est-à dire adopter les mêmes comportements, croyances et attitudes pour ne pas déranger, pour ne pas se distinguer.

Cependant, la loyauté pose problème car on prend tout le package : il y a des éléments bénéfiques à chérir et à honorer, mais aussi des aspects moins favorables qui peuvent nous être nuisibles.

En adoptant tout, on perpétue un statu quo qui limite l’évolution. Je crois que chaque génération a pour mission d’évoluer. Non pas parce que nous sommes supérieurs, mais parce que nous ne vivons pas dans les mêmes circonstances de non prédécesseur. C’est pourquoi, il est essentiel de s’autoriser à choisir ce à quoi nous voulons être loyaux.

Par exemple, si mon père était un commercial très éthique et intègre, je peux choisir d’être loyal envers ses valeurs. En parallèle, je peux aussi choisir d’être déloyal envers certaines croyances limitantes. La déloyauté n’est pas un synonyme de manque d’amour ou de respect. C’est créer un autre chemin dans notre propre histoire.

Dans ma lignée, les hommes qui se sont lancés en affaires du côté paternel ont fait faillite. Ainsi, je choisis d’être déloyal envers ce schéma qui limite le succès et conduit à repartir de zéro.

C’est une façon de transformer et de transmuter ce qui se manifeste de manière récurrente dans ma lignée. Je fais le choix de ce que je garde et de ce que je transforme, en m’autorisant à agir différemment.

Dans un livre que tu as co-écrit avec Evelyne Faniel, un ouvrage qui s’appelle «Enfin libre d’être soi-même » tu évoques l’effet miroir, une notion passionnante, est-ce que tu peux expliquer ce qu’est cet effet miroir ?

Oui, tout à fait, l’effet miroir est passionnant, il nous permet d’évoluer et de prendre conscience de nos propres comportements. Cela consiste à reconnaître que les autres, tout comme moi-même, peuvent refléter des aspects que je n’ai pas encore intégrés.

Par exemple, si j’admire quelqu’un pour son courage, cela signifie qu’il reflète en moi une qualité que je ne me permets pas d’exprimer. Si j’avais la même dose de courage, je n’aurais pas d’admiration, mais une appréciation positive. Ainsi une partie de moi, souvent inconsciente, me dit que cela ne me correspond pas, cela n’est pas pour moi. C’est une limitation, car nous avons tous des formes de courage et de créativité uniques.

Lorsque quelqu’un suscite en moi de l’énervement ou de l’agacement, c’est un peu plus complexe. Il est important de distinguer le comportement de la personne, de la personne elle-même.

Je peux ne pas être d’accord avec son comportement, mais si cela provoque en moi une forte réaction émotionnelle, cela indique qu’il y a un reflet en moi. Au-delà du jugement ou de l’étiquetage de la personne, il y a une opportunité de prendre conscience d’une part de moi-même que je n’accepte pas pleinement.

Par exemple, avec Evelyne Faniel, nous avons rencontré un conférencier qui nous agaçait. Nous avons réalisé que nous avions tendance à le cataloguer comme égocentrique. C’était notre perception, pas une réalité objective.

Cela nous a permis de prendre conscience de notre propre tendance à l’égocentrisme, une facette que nous n’acceptions pas en nous.

Ainsi, à travers cet agacement et l’effet miroir, nous avons eu l’occasion de mieux intégrer cette part de nous-mêmes, gagnant ainsi en unité intérieure. Je peux imaginer que cela peut être difficile d’aller chercher ces parts de soi.

Comment trouver le courage d’aller regarder en nous ce que nous reflètent les autres, ou les événements que nous vivons surtout quand ce qui nous arrive est difficile ou compliqué ?

Je pense qu’il est essentiel de ne pas se sentir obligé d’agir immédiatement lorsque quelque chose devient difficile. Dans de pareilles situations, ma priorité est de prendre soin de moi, de cultiver la tranquillité et la paix intérieure.

Une fois que je parviens à un état émotionnel plus serein, alors je peux prendre le temps de la réflexion : « Qu’est ce que cette expérience a à m’apprendre ? » .Je crois profondément que notre parcours en tant qu’être humain est une constante évolution. Il s’agit d’exprimer nos sentiments, de comprendre nos croyances, voire de transformer ce qui doit l’être pour éviter de revivre indéfiniment les mêmes situations car à un certain point, la répétition devient trop douloureuse. C’est là que réside la vraie leçon de la vie pour moi. Nous apprenons dans les moments difficiles. C’est pourquoi, je conseille de ne pas se précipiter pour agir immédiatement. Parfois, cela peut sembler impossible. A un certain moment, nous trouverons le moment opportun pour agir.

Quelle serait la bonne question à se poser à ce moment-là, une fois que les émotions sont un peu plus apaisées ?

Si je pense à quelqu’un d’autre, la question qui se pose, si je me permets d’aller en profondeur, serait : “Quel jugement ai-je ?”

Souvent nous hésitons à explorer nos jugements internes, car nous avons tendance à croire qu’il est mal de juger, etc.

Pour cet exercice, imaginons que je puisse émettre un jugement, uniquement pour moi-même sans bien sûr jamais le projeter sur la personne en question, car cela ne reflète que ma perception, jamais la réalité.

Si j’avais la liberté de formuler un jugement, quel serait-il ? Il est crucial de comprendre que si nous restons uniquement au niveau du comportement, nous n’arriverons pas à la racine du problème.

Prenons un autre exemple : lors de la conférence d’introduction de notre livre avec Evelyne Faniel, une dame s’exprimait : « Oui, mais quand même, les gens qui lancent des bombes ou se font exploser au milieu de la population, on ne peut pas faire miroir avec eux. »

Bien sûr, en ce qui concerne le comportement, cela ne s’applique pas.

Cependant, je demande à la dame : « Pensez-vous que ces personnes soient des extrémistes ? »

Elle répond : « Eh bien, oui ».

«D’accord. Et vous , est-ce qu’il vous arrive parfois d’être extrémiste dans vos comportements ?».

En ce qui me concerne, cela m’arrive. Il m’arrive de travailler de manière très intensive, quitte à me fatiguer. Nous pouvons tous avoir des tendances extrémistes de diverses manières. Nous pouvons être extrémistes dans différentes facettes de notre vie ou avoir des points de vue sur lesquels nous ne voulons pas transiger, sans pour autant recourir à la violence.

C’est pourquoi la différence entre le comportement et le jugement qui sous-tend ce comportement est ce qui constitue le véritable enseignement. Ce n’est pas le comportement en soi, mais le jugement qui l’accompagne.

Quel est ton regard sur notre monde d’aujourd’hui ?

Mon regard est partagé, comme si je prenais de la hauteur et voyais deux mondes qui coexistent. Il y a d’une part, ce que j’appelle l’ancien monde, établi depuis longtemps, basé sur la consommation et les croyances nous faisant croire au bonheur par la possession, détournant ainsi de l’être.

Ce monde profite à quelques-uns au détriment d’autres, ne créant ni bien-être commun, ni rapprochement entre les individus, ni solidarité, ni justice. Actuellement, il semble même s’amplifier, poussé à l’extrême, sous les feux des médias et de la publicité.

Heureusement, il existe un autre monde, moins visible, presque souterrain, car les grands médias en parlent peu et, quand ils le font, c’est souvent avec des doutes. C’est un monde constitué de personnes désireuses de contribuer à quelque chose qui résonne avec une certaine justesse.

Un monde qui intègre la Vie dans son ensemble, avec un grand V majuscule. Ces individus oeuvrent, travaillent, rayonnent, chacun à leur manière sur le terrain, ici et là.

Toi-même, tu pratiques la sophrologie et t’investis dans d’autres domaines. Peut-être que cela ne se sait pas à l’autre bout de la francophonie, mais ce que tu fais est précieux.

De mon côté, j’agis également, dans plusieurs pays, en francophonie. De nombreuses initiatives germent de part et d’autre, comme la permaculture et bien d’autres. Elles tissent une toile, créant ainsi un autre monde qui prend de l’ampleur.

Heureusement que je perçois ce monde là et que je rencontre des personnes désireuses d’évoluer dans cette direction. Si je ne voyais que la première partie, je serais parfois profondément désespéré.

Cependant, cette part significative me nourrit d’immenses espoirs, renforçant ma motivation et mon courage à persévérer.

Souhaites-tu ajouter quelque chose ?

Sur mon site Internet, j’accompagne de nombreux entrepreneurs de coeur, les aidant à donner le meilleur d’eux-mêmes sans être entravés par des blocages liés à l’argent.

L’invitation est de ne pas laisser ces préoccupations financières freiner ou entraver leur élan vers ce qui est bon et juste pour eux.

Il est crucial de se rappeler que si de telles préoccupations surgissent, c’est qu’ il y a certainement quelque chose à explorer, à dénouer, à libérer pour pouvoir s’ouvrir à quelque chose de plus vaste. Cela va dans le sens de la découverte de sa propre grandeur, qui n’est que le reflet de la grandeur inhérente à toute l’humanité.

Christian Junod propose des ateliers et conseils pratiques sur la relation à l’argent sur ses différents médias sociaux et son site Internet :

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